En 864, alors que le pouvoir carolingien décline, le roi de Francie occidentale Charles le Chauve donne à son beau-fils Baudouin Ier de Flandre (ca 830-879), une mince bande de terre côtière incluant Bruges qui constituait la Flandre, le pagus Flandrensis.
Au déclin intérieur du royaume de Francie occidentale, s’ajoutent les menaces et attaques extérieures. A partir de 879, les Vikings mettent à mal le pouvoir royal, ravageant tout, de l’Escaut à la mer du Nord. De ce fait, le pouvoir royal s’amenuise de façon accrue au nord de Saint-Omer et Arras.
La Flandre, alors conduite par son comte, Baudouin II (ca 863-918), fils de Baudouin, en tire avantage. De 879 à 883, profitant des invasions Vikings et de la faiblesse royale pour usurper de nombreux biens, tant royaux qu’ecclésiastiques, Baudouin II développe la Flandre et la transforme en « une vaste principauté dans le royaume de Francie occidentale » (Brigitte Meijns, Les premières collégiales des comtes de Flandre, leurs reliques et les conséquences des invasions normandes (IXe-Xe siècles), p.1).
La « grande armée viking », débarquée près de Saint-Omer en 880, brûle à deux reprises, pendant les hivers 880-881 et 882-883 , Arras, Cambrai et les monastères de la Scarpe. Leur passage par Douai est possible (Brassard 1872 ; Espinas 1913, 1 : p. 12), il est même envisageable de leur attribuer l’un (le plus ancien) des deux incendies qui détruisirent le quartier « proto- urbain » [de Douai] (Rouche 1985 : p. 25-26 ; Demolon, Louis 1982a : p. 61).
DEPAVF – Douai 1990, p.12
En réponse, à l’initiative de Baudouin II, des habitants, ou des seigneurs, le Nord se transforme pour faire face aux attaques. Une foule d’enceintes fortifiées sont créées. D’un périmètre fort restreint, elles ressemblaient plus à l’intérieur des murs d’un château qu’à une ville forte. On leur donna le nom de castrum / castra.
Ce qui est consolidé, construit, ou fortifié dépend en fait des régions, et probablement des suzerains. Ainsi, l’action du comte de Flandre [Baudouin II] à la fin du IXe siècle paraît être caractérisée par des fortifications d’habitats de cités et d’abbayes qui vomt de pair avec l’extension de ses possessions et de son pouvoir.
Au retrait des vikings en 883, « Baudouin exerçait non seulement son autorité sur le pagus Flandrensis, mais sur une région qui s’étendait d’Aardenburg et de Gand dans le nord jusqu’à Cassel et Courtrai dans le sud » (Meijns, Ibid.). Entre 883 et 887, il fait construire un « castrum » autour d’Arras et de l’abbaye Saint Vaast… » (Philippe Thuillot, Les châtellenies au nord du Bassin parisien, du Xe au XIIIe siècles, 2019, p.139). Il étendit ensuite ses possessions vers le sud jusqu’à Thérouanne, Boulogne, et Tournai (Meijns, Ibid.). « A la fin du IXe siècle ou au début du Xe siècle, l’agglomération [Douai] fut pourvue d’un premier rempart : un fossé sec sans caractère défensif. » (Meijns, p. 571; DEPAVF – Douai 1990, p.13) et « en 892-895, il consolide le castrum de Saint-Omer, incendié… » (Thuillot, Ibid., p.139).
Baudouin II meurt en 918 et son fils, Arnulf 1er (ca 893-964) devient comte de Flandre. Il va continuer l’expansion et la consolidation commencée par son père, annexant l’Artois et l’Ostrevent.
Bibliographie
Philippe Thuillot, Les châtellenies au nord du Bassin parisien, du Xe au XIIIe siècles: étude sur les cadres institutionnels et les lieux de pouvoir, sur la société aristocratique (princes, comtes et chevaliers). Histoire. Université Paris-Est, 2019.
Brigitte Meijns, « Les premières collégiales des comtes de Flandre, leurs reliques et les conséquences des invasions normandes (IXe-Xe siècles)« , Revue belge de Philologie et d’Histoire, Année 2007 85-3-4 pp. 539-575.
PIERRE DEMOLON, ETIENNE LOUIS ET MURIELLE LOUIS-VANBAUCE, « DOUAI: Document d’évaluation du patrimoine archéologique urbain » 1990 (DEPAV 1990)
Image: St. Gallen, Abbey Library, Cod. Sang. 22, color profile – Golden Psalter (Psalterium aureum) from St. Gallen – Psalterium Gallicanum with collections u. Orations (https://www.e-codices.ch/de/list/one/csg/0022), env 870, p.141