Marie Labbé, notre aïeule, est probablement née dans les années 1675 à 1680 à Ville-sous-Corbie, village de 255 habitants en 1698 (de Witasse, 1919).

Sur quelles preuves nous fondons-nous?

Nous savons, grâce à son acte de décès, que Marie était veuve de Jean Lavoix dit l’Assaut et s’était remariée à Hugues Tiesse (ou Thiesse).

Un nouvel élément a émergé (mai 2022), concernant le mariage de Marie et de Hugues Tiesse, grâce à « jsting » de Généanet. Peut-être cela nous permettra-t-il d’avancer encore. Le mariage serait enregistré à Méricourt-l’Abbé (voir photo de la note ci-dessous) et à Heilly. Mais pour Heilly, pas de registre entre 1708 et 1737, malheureusement. Heilly serait la commune de Hugues Tiesse? Ou celle de Marie? Il n’y a pas de mariage en 1700 et 1701 pour une Marie Labbé, ni à Heilly, ni à Méricourt-Labbé. Donc Heilly serait la commune de Hugues Tiesse.

Grâce au travail de Patricia Debret sur Généanet, nous trouvons que Hugues Tiesse est témoin au mariage de Madeleine Labbé (1703-1751) du 29 novembre 1727, Corbie, Paroisse St Jean, avec Charles Lemoine. Dans cet acte, Hugues Tiesse est qualifié d’oncle de Madeleine, avec Antoine Labbé. Si l’on observe les signatures, il semble qu’il y ait aussi la signature de Marie Labbé, bien que cette dernière ne soit pas mentionnée dans l’acte.

Cela fait donc, pour Hugues Thiesse, un second lien à la famille Labbé et indique sa bonne entente avec la famille de son épouse, ainsi qu’un rôle familial.

Je fais là l’hypothèse, d’après les dates, que Madeleine est la nièce de Marie Labbé et donc que le père de Madeleine, Guislain (Guillain ou Gillin), est le frère de Marie.

En vérifiant les actes (voir l’arbre généalogique pour des copies d’écran) grâce aux dates données par Madame Debret, et surtout en comparant les signatures, je pense que Marie avait pour frères Antoine Labbé (mariage 14 juillet 1705 à Méaulte) et Guislain Labbé (né environ en 1680, mariage 4 juin 1703 à Morlancourt), Maréchal (-ferrant).

Qui plus est, il est mentionné dans l’acte de mariage de Jean-Baptiste Lavoix, fils de Marie Labbé et de Jean Lavoix, lors de son premier mariage à Corbie Saint-Eloi le 15 février 1724, qu’il est assisté de Henri Billet « oncle maternel de la part (?difficilement lisible?) de l’époux ». Cela laisserait supposer donc que Marie a aussi au moins une soeur qui se serait mariée à un Henri Billet.

Le père des frères et soeurs Labbé était Antoine Labbé, toujours d’aprés les actes. Le prénom Antoine ayant été donné au dernier-né de Marie et de Jean (voir aussi l’article biographique sur Jean), cela tendrait à confirmer cette hypothèse.

D’après les actes, Antoine le père et Antoine le fils ainsi que Guislain sont originaires de Ville-sous Corbie. Ils auraient aussi peut-être un autre frère, Jacques (qui sait signer), et un cousin (qui ne sait pas signer) appelé également Guislain ou Gillin.

Nous trouvons ensuite un Pierre Labbé, comme mentionné aussi par Hugues Lavoix (Histoire des Lavoix), Laboureur, toujours originaire de Ville-sous Corbie qui se marie à Saint Eloi un 17 avril 1704. A son mariage il y a sa mère, Marguerite Bordon, mais pas son père. Il y a un frère Guislain, mais la signature ne correspond pas du tout à celles trouvées dans l’acte de mariage de Guislain, fils d’Antoine Labbé.

Donc, il me semble que nous sommes en présence ici d’une autre branche de la famille Labbé. Peut-être, Antoine Labbé le père avait-il un frère qui s’est marié à Marguerite Bordon, et ce couple a eu au moins deux fils, Guislain et Pierre.

A ce stade des recherches (décembre 2019), voici l’arbre généalogique probable de Marie Labbé.
Cliquer sur l’image pour la voir en grand format

L’utilisation répétée des prénoms Madeleine pourrait laisser supposer que la femme d’Antoine Labbé, le père, s’appelait Madeleine.

L’utilisation tout aussi répétée du prénom Guislain, pourrait laisser imaginer que le patriarche, père d’Antoine et du mari de Marguerite Bordon s’appelait Guislain.

En tous les cas, des familles Labbé sont originaires de Ville-sous-Corbie, et il nous semble être une hypothèse raisonnable de penser que Marie est née dans une de ces familles.

Pour mieux comprendre la vie de Marie, de Jean et de leurs familles, regardez sur le site coeur généalliances le documentaire La vie des Français sous Louis XIV, L’Histoire au Quotidien, M6HD, 22 décembre 2016

Reprenons l’histoire de Marie Labbé.

Marie s’est mariée probablement en 1701 avec Jean Baptiste Lavoix dit L’Assaut, comme nous l’avons vu dans la biographie de ce dernier. Les deux époux ont eu 3 enfants, Jean-Baptiste le 26 septembre 1702, Marie-Magdeleine, le 24 juillet 1705 et Antoine, le 21 décembre 1707.

Un second mariage

En novembre 1711 (le 15?), donc 9 mois après le décès de Jean l’Assaut son premier époux, en février 1711, Marie se remarie avec Hugues Tiesse, comme cela est confirmé par son acte de décès.

Mariage noté dans le registre de la paroisse de Méricourt-l’Abbé mais aussi enregistré dans la paroisse d’Heilly (Somme) – p. 161 Méricourt-l’Abbé (Saint-Hilaire) : baptêmes, mariages, sépultures5MI_D105 Archives de la Somme

Hugues est « hostelain [aubergiste] et arpenteur-juré (acte de décès de Marie Labbé, 1737).

« C’est en 1555 qu’ont été créés les offices d’arpenteurs royaux. Petit à petit, se créa le métier d’arpenteur-juré : c’est le travail juridique de définition du nouveau domaine royal français qui leur donna cette fonction (« juré » signifiant « ayant prêté serment » dans le cadre de la justice seigneuriale). »

Jean-Michel Dominguez, Géomètre – Topographe, « Géodésie : histoire des premiers géomètres« , Futura Planète, 30 avril 2018.

Les Années Terribles (suite)

Mais quelques mois plus tard, le malheur frappe à nouveau. A peine 13 mois après le décès de son premier époux, ce sont ses deux plus jeunes enfants Antoine et Marie-Magdeleine qui meurent à leur tour. Ils sont emmenés à deux semaines d’intervalle, Antoine le 11 mars 1712 et Marie-Magdeleine le 25 mars. On peut se demander si les deux enfants ne décèdent pas de rougeole comme cela a été le cas pour la famille royale en février et mars 1712 (Frédéric Valloire, « L’année noire de Louis XIV« , Valeurs Actuelles, 5 novembre 2009; Le duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV (1682-1712) »; BNF).

Fin mars 1712, Marie n’a plus que son premier né, Jean-Baptiste, qui n’a pas encore 10 ans.

Où vit la famille? A Saint-Albin, à Heilly, à Mericourt Labbé?

Retour à la vie

Hugues Tiesse, le second époux de marie, jouera une place importante dans la famille. Il est présent avec Marie aux côtés de Jean-Baptiste lors de son premier mariage à Saint-Eloi le 15 février 1724 (ce qui correspond bien à la transcription fournie à Hugues par le cercle de Généalogie Picard). On peut imaginer qu’Hugues Tiesse (Thiesse) s’occupe non seulement de Marie mais aussi de son beau-fils, assumant le rôle du père décédé.

La famille constituée de Marie Labbé, de son fils Jean-Baptiste Lavoix et de Hugues Thiesse réside dans la paroisse de St Jean L’Evangéliste à Corbie en 1724, lors du 1er mariage de Jean-Baptiste (acte de mariage de ce dernier). Cette possibilité serait confirmée par un acte où l’on apprend que Jean-Baptiste est le parrain d’un enfant François, fils de François (nom illisible), armurier de Corbie, né en mars 1714 et baptisé en cette paroisse.

Imaginer Marie

Malheureusement nous n’avons pas de portrait ni de description de Marie. Si nous nous devons nous contenter des actes paroissiaux, les éléments en notre possession pour retracer la vie des femmes sont très maigres, puisque nous n’avons pas de profession. Les archives notariales seraient sans doute des mines d’information très riches.

En attendant, il nous faut donc utiliser notre imagination. Celle-ci peut être aidée si nous avons une idée des costumes et vêtements portés à l’époque.

Le terrible hiver de 1709 nous donne des gravures qui nous permettront de nous faire une idée des vêtements portés alors par les femmes. Il faut penser que nous sommes en province et dans la bourgeoisie, donc les vêtements vont probablement différer de ceux de Paris. Ils seront également beaucoup plus sobres que ceux que nous avons l’habitude de voir et qui souvent concernent la cour et les nobles.

Marie décède le 18 avril 1737 à Corbie Saint Jean et sera inhumée dans la paroisse de Saint Albin.

Les archives manquantes de Ville-sous-Corbie

Ville sous Corbie, une commune disparue

Ville-sous-Corbie est une commune maintenant disparue du canton de Bray, arrondissement de Péronne. En 1899, Ville sous Corbie existe toujours (Notice historique et géographique). En 1900, elle est devenue Ville-sur-Ancre (voir « Notice Communale: Ville-sur-Ancre« , Des villages de Cassini aux Communes d’aujourd’hui, EHESS).

Carte générale de la France. 004, [Abbeville – Arras]. N°4. Flle 12e / Le Roy le J.[eun]e Corex.[it] ; [établie sous la direction de César-François Cassini de Thury]

Accés à la Carte de Cassini sur Gallica.fr :

« La Carte de France dite « Carte de Cassini » doit son nom à une lignée d’astronomes et de géographes d’origine italienne qui s’installent en France dans le dernier tiers du XVIIe siècle. Lancée sous les auspices de l’Académie des Sciences en 1747, elle résulte du travail opiniâtre d’une succession de savants et d’ingénieurs qui, pendant un siècle et demi, vont s’employer à mettre au point de nouvelles méthodes de relevés tel que le demande un pays aussi vaste que la France. »

La Carte de Cassini, EHESS

Où sont les archives?

Les seules archives disponibles pour Ville-sur-Ancre / Ville-sous-Corbie sont des tables décennales post-1793. Donc, sauf à retrouver les registres paroissiaux disparus, nous ne pourrons savoir avec certitude.

Il faut noter que le village fut détruit pendant la Première Guerre Mondiale. Les registres peuvent donc avoir totalement disparus.

Pistes à explorer

Une piste serait d’explorer les archives notariales.

Nous avons aussi trouvé des traces d’archives pour Ville-sous-Corbie mais il faudrait pouvoir se déplacer aux archives de la Somme pour examiner leurs contenus.

Finalement, en examinant la Géographie historique du département de la Somme : état religieux, administratif et féodal des communes et de leurs dépendances, Tome 2, par Gaëtan de Witasse pp. 668-670 (Gallica), nous pourrions essayer de trouver les archives des paroisses, diocèses, fiefs etc qui tenaient Ville-sous-Corbie.

Bibliographie et références

Gaëtan de Witasse, « Ville-sous-Corbie », Géographie historique du département de la Somme : état religieux, administratif et féodal des communes et de leurs dépendances, Tome 2, 1919, pp. 668-670 (Gallica)

Le Secours du Potage…, André Le Roux, Musée Carnavalet – Histoire de Paris1 709 Eau-forte Hauteur: 30,40 cm x Largeur: 20,20 cm G 16774

« Notice historique et géographique sur la commune de Ville Sous Corbie« , 1899 in Archives départementales de la Somme, Notices géographiques et historiques sur les communes de la Somme à la fin du XIXe siècle (4°100), Monographies communales, Cote : 4° 100 ; 2 NUM 97, Date : 1897-1899

Christian Maurel, « Prénomination et parenté baptismale du Moyen Age à la Contre-Réforme. Modèle religieux et logiques familiales« , Revue de l’histoire des religions, Année 1992  209-4  pp. 393-412 – Persée.

Roger Blais, « Contribution à l’histoire des arpenteurs des forêts du Roi« , Hommes et Terres du Nord , Année 1986  2-3  pp. 204-208, Persée.

Publié par Helene Lavoix

Dr Helene Lavoix, PhD Lond (Relations internationales) est fondatrice et directeur de The Red (Team) Analysis Society. Elle est spécialisée en prospective stratégique et alerte précoce en matière de sécurité nationale et internationale. Elle a enseigné au niveau Master à Singapour et à SciencesPo-PSIA.

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